Grenouilles

Elle était jolie la petite « mare aux grenouilles » comme nous l’appelions. Quand venait le printemps et même au-delà, c’était un concert sans fin de chants de grenouilles. Ce n’était pas une petite mare en soit, elle était suffisamment grande, mais elle était surtout bordée par une zone humide, pleine de roseaux qui faisait le bonheur des petits amphibiens et d’une flore très spécifique à ce que disent certains locaux. Cela lui donnait un aspect vivant, plutôt celui d’une mare ce que celui d’un grand trou d’eau. Hélas ! En 2023, je crois, le propriétaire l’a transformé en vaste réservoir au prix de la disparition de la zone humide. Quelques centaines de mètres carrés ont été gagnés, la zone humide a été comblée et transformée en champ. Le petit ruisseau qui alimentait la réserve a été transformé en vaste tranchée, elle aussi purifiée de toute vie.
Certes, les cultures ont besoin d’eau pour pouvoir pousser ; mais quel bénéfice y a-t-il à détruire un écosystème pour compenser l’arrachage des haies laissant au vent au moins une trentaine d’hectares désormais exposés. C’est une fuite en avant, coûteuse pour le propriétaire, profitable seulement à l’entreprise de terrassement, et à personne d’autre.
Les zones humides sont inestimables pour la vie en général, pas seulement celles des grenouilles, des libellules et de toute forme florale. Tout le monde subit le réchauffement climatique, les agriculteurs autant, voire plus que les autres que les autres parce que leur moyen de subsistance en subit les conséquences. Comment faire en sorte qu’un agriculteur puisse exercer son activité dans le respect d’une zone naturelle qui s’est constituée au fur et à mesure du temps sans la rayer d’un coup de la carte et en supprimer le bénéfice à jamais pour les générations à venir..